La péniche

Depuis le pont, un escalier droit en bois accède à la cabine intérieure, où se dégage une impression d'immensité. Là, une très grande salle se découvre, compartimentée en plusieurs parties : un bar puis un salon et une salle à manger. Grâce au retrait de la bâche qui couvrait l'espace au-dessus, la lumière transparaît par les parties vitrées du plafond légèrement voûté, valorisant tous les matériaux de la vaste salle. Jean Nouvel a ici choisi de mettre en valeur le métal et le verre, de jouer sur la transparence et les effets de lumière.
Pour lui, l'architecture doit répondre à une situation donnée : ici, le lieu devait servir à recevoir et divertir les convives. Ainsi se présente le bar. Équipé de plusieurs placards, d'un réfrigérateur avec porte inox ainsi que de revêtements en verre, il comporte, en hauteur, des étagères vitrées bordées de bois qui s'assortissent au parquet, où alternent des lames de deux largeurs et de deux essences aux couleurs distinctes : l'acajou et le frêne. Des verres à l'effigie de personnalités célèbres rappellent les brasseries parisiennes. Des tabourets et autres assises, tous dessinés par l'architecte, suivent le fil conducteur du décor à travers le mélange du métal et du cuir brun, dont les teintes font écho à celles du bois.
S'ensuit l'espace salon avec des tables en verre en son centre, bordées de banquettes en cuir sur les côtés qui incluent des rangements. L'empreinte de l'architecte se lit aussi la fonctionnalité et la sobriété des aménagements. Le parquet à double coloration se retrouve dans toutes les pièces et toutes les parois y sont couvertes de cuir orné de faux rivets.
La partie salle à manger est dominée par deux bibliothèques qui bordent l'espace de part et d'autre ainsi que par des parois blanches qui en marquent le fond, de forme hémi-circulaire. La symétrie y est frappante. Là, les codes couleur de la navigation ont été remplacés par l'usage de deux matériaux nobles : le laiton à tribord et l'inox à bâbord. Y demeurent des rails posés pour une desserte que l'architecte avait conçue et dont le PDG de Renault n'avait pas voulu. S'aperçoivent également de fausses membrures ; les panneaux d'écoutille sont isolés et les parois compartimentées tous les 60 cm. Reprenant le style de construction des navires, au centre du salon, l'emplacement d'un cinéma a été matérialisé par des bandes en caoutchouc et des strips noirs.
Des points lumineux encastrés dans le sol éclairent les lieux à la nuit tombée. Derrière la salle à manger, se trouve une première chambre à coucher au sol revêtu du même parquet bicolore.
Au-delà du bar, un couloir qui reprend les codes de la pièce principale dessert des toilettes pour invités avec un lavabo. Vient ensuite une cuisine aménagée, où se mêlent le bois, le verre et l'inox, éclairée par des hublots. En face, se tient une salle de bains avec baignoire en fibre, deux lavabos et, au-dessus du hublot, un coffrage en acier qui longe le mur. À proximité, se trouve également une garde-robe, équipée de nombreux tiroirs ainsi que d'une penderie. Puis, tout au bout du couloir, se situe une deuxième chambre, marquée par la même symétrie, signature architecturale des lieux. Un escalier en métal accède à un espace destiné à l'origine au personnel, où un dégagement au sol parqueté conduit à deux cabines, aujourd'hui devenues petites chambres avec chacune son sommier en bois et une salle de douche commune attenante. Après quelques marches, se découvre une timonerie où une grande roue ancienne en bois dirige la péniche. L'endroit, à la clarté extraordinaire, est ceint de larges baies.