Situation
Dans le Couserans, ancien territoire du comté de Comminges, le château occupe une position stratégique sur un éperon dominant la vallée. Témoins d’une époque marquée par les luttes seigneuriales, ses murailles rappellent le rôle défensif qu’exerçaient les places fortes sur les chemins reliant Toulouse aux cols montagneux. La région, tournée vers les Pyrénées, conjugue nature préservée et patrimoine architectural dense, avec villages aux toits d’ardoise, églises romanes et maisons de pierre. Ici, la vie quotidienne se déploie entre marchés traditionnels, sentiers de randonnée et rivières poissonneuses. À proximité de Saint-Girons, carrefour historique des vallées ariégeoises, la propriété s’inscrit dans un cadre authentique, éloigné de l’agitation contemporaine mais à l’accès aisé : la gare SNCF de Boussens se trouve à environ 30 km et la route qui relie Toulouse à l’Atlantique traverse la vallée.
Description
À l’approche du logis, en sortie de village, le monde contemporain s’efface. La route devient piste, puis sentier d’ombre. Flanqué de chênes et de hêtres, jalonné de bornes de pierre coiffées de sphères et reliées par une chaîne patinée, l’accès au domaine prend l'allure d’une allée d’apparat, rigoureusement tracée et discrètement solennelle. Ici, aucun portail tapageur, seulement le murmure du vent, la lumière filtrée par les feuillages, et cette sensation rare d’une lente montée vers un lieu habité par autre chose que le quotidien.
Enfin, au sommet, entre les frondaisons, se dévoile la façade du château. Austère et pourtant accueillante, elle s’adosse à son rempart comme un dos à sa mémoire. Une porte en arc, prise dans l’épaisseur du mur d’enceinte, marque l’entrée. Derrière elle, la cour intérieure, partiellement enherbée, laisse entrevoir les différents visages du lieu : le puits creusé dans le roc, les ruines romantiques de dépendances à faire revivre, la tour carrée, les bâtiments accolés, les décrochements successifs d’une architecture qui s’est adaptée sans jamais trahir son origine. Construit au 12e s. et transformé au 17e s. en résidence d’été, inscrit depuis au titre des monuments historiques, le château a conservé sa cohérence structurelle et sa vocation résidentielle.
Le rez-de-chaussée
L’entrée s’ouvre sur un vestibule avec sol de tomettes et plafond aux solives peintes en rouge et blanc. Sur la gauche, une double porte grise et beige dissimule des commodités, agrémentées d’un lavabo sculpté en forme de coquillage et d’un robinet de cuivre de forme animale, donnant sur une grotte à la décoration malicieuse.
Dans son prolongement, un escalier en bois s’élève vers l’étage ; il est flanqué, un peu plus loin, d’une porte jumelle qui cache un réduit technique. Leur faisant face, une imposante porte cloutée est surmontée d'un bas-relief qui représente quatre enfants aux corps potelés de putti, encadrant un lion couché à côté d’un panier débordant de fruits. La scène, naïve et symbolique, marque le seuil de la cuisine et l'introduit comme un lieu nourricier, fertile, presque sacré dans son usage quotidien. Monumentale, la cheminée médiévale équipée de ses fours à pain et à pâtisserie intégrés dans la maçonnerie, avec leurs accessoires de cuisson, raconte des siècles de mets concoctés pour de grandes tablées.
Sur la droite, une porte massive mène à la salle des gardes, vaste volume utilitaire posé à même le roc, percé de meurtrières, aujourd’hui transformé en buanderie et atelier. Une autre porte grise, ouvrant directement depuis le vestibule, conduit à un premier salon au parquet brut, en chevron simple, qui s’accorde à une grande cheminée de bois noir. Deux hautes fenêtres à petits carreaux diffusent la lumière et mettent en valeur la plaque armoriée fixée dans le foyer, tandis qu’une double porte ouvragée communique avec la salle à manger. Ici, alternent lames de parquet claires et foncées ; une cheminée de pierre, un plafond à solives peintes et des placards dissimulés par une fresque représentant guirlandes, fruits et épis de blé, composent une atmosphère singulière.
Enfin, des celliers et réserves complètent utilement le niveau.
L'entresol
Depuis le vestibule, l’escalier s’élève en larges marches au bois patiné par les siècles. À mi-hauteur, juste avant le palier, une porte à double battant peinte d’un gris velouté se détache de l’enduit clair du mur. Ses sobres panneaux moulurés annoncent l’accès à un espace plus retiré, presque secret, qui marque l'entrée dans la chambre autrefois seigneuriale. Deux marches suffisent à plonger dans l’intimité d’une pièce au décor singulier : sol recouvert de tapis anciens, murs tendus d’une toile rayée dans des tons vert empire et ocre doré, plafond cambré sous la même étoffe. L’ensemble compose un tableau texturé, où la lumière entre en filtres tamisés via une grande fenêtre à carreaux, encadrée d’un renfoncement formant alcôve. À droite, une cheminée en bois peint conserve son décor d’origine : trumeau sculpté, médaillon ovale à relief végétal, moulurations fines et bandeau supérieur orné de grappes de raisin en stuc. L’atmosphère de la pièce oscille entre l’apparat discret d’une chambre de maître et la douceur mélancolique d’un lieu habité depuis toujours.
Une porte dissimule l’accès à un escalier inattendu, taillé à même la roche, qui descend vers un ancien passage souterrain. La volée, d’inspiration hélicoïdale bien que carré, fait alterner des marches étroites peintes en rouge et en blanc, dans un rythme aussi inattendu que théâtral. À l'issue de cette descente singulière, se trouve une salle d’eau, creusée dans la masse, équipée d'une baignoire, d'une douche et d'un lavabo, dans un décor brut, minéral, où la pierre affleure et la modernité se fait discrète.
Le premier étage
Depuis l'entresol, huit marches prolongent l’escalier qui débouche sur un vaste palier avec parquet sombre à lames en alternance larges et étroites, aux teintes subtilement différentes. La lumière y pénètre par une petite fenêtre protégée par une grille extérieure. Autour de cet espace s’ordonnent plusieurs portes.
La première, lourde, cloutée, presque carrée, mène à une salle de bain. Le sol est en dalles de schiste rectangulaires ; les murs, revêtus de rose marbré, encadrent une baignoire ovale d’angle et un lavabo en forme de coquillage, auxquels ajoute un bidet. Le fond est couvert d’un miroir qui reflète la pièce en entier. L’accès s'effectue via un hall dallé, marqué par une porte à ogive grise, cloutée et dotée d’un encadrement de pierre.
En enfilade, se tient une grande chambre au sol de schiste, animé d’un motif en étoile. Un lit double occupe l’espace central, face aux fenêtres : l’une tournée vers la cour intérieure, l’autre ouverte sur le paysage. Autour, miroirs et paravents multiplient les reflets. Les murs portent un décor doré, sculpté de vignes où se posent oiseaux et animaux.
Une porte en bois introduit à une autre pièce de nuit aux vastes proportions, parallèle à la première chambre, avec deux hautes fenêtres. Une cheminée monumentale en bois occupe le mur principal. Le plafond à solives peintes en blanc repose sur trois poutres ornées de volutes rouges et brunes.
À l’autre extrémité du palier, une grande porte grise et blanche commande des sanitaires.
Ce petit espace communique avec une chambre à coucher spacieuse au sol recouvert d’un tapis rouge moelleux, qui absorbe les pas et souligne la profondeur de la pièce. Deux lits anciens à baldaquin, drapés de tentures fleuries aux tons grenat et ivoire, s’adossent au mur, encadrés de miroirs et de meubles d’époque. Au centre, un ensemble de fauteuils Louis XV et de chaises médaillon entoure une table ronde, installée sous un lustre en fer forgé et des poutres blanchies. La cheminée en bois dépasse les 3 m de hauteur. Son linteau simple, son trumeau discret et les teintes chaudes de l’enduit qui l’entoure lui donnent une présence tranquille.
Depuis cette chambre, l’accès se prolonge vers une autre, plus imposante encore. Son lit à baldaquin, placé au centre de la perspective, en organise la composition. Deux grandes fenêtres rythment le mur qui lui fait face et offrent des vues lointaines sur les collines du Couserans. Les boiseries anciennes, les fauteuils tapissés, la méridienne et le grand miroir doré installé entre les baies achèvent de donner à l’ensemble l’allure d’un salon privé. Une seconde cheminée, de facture plus sobre, équilibre la pièce par son ancrage visuel.
Une vaste salle de bain, étonnamment colorée, aux murs peints à la main de scènes bucoliques et de paysages ornithologiques, profite d'une fresque naïve et vivante : hérons, cygnes et canards évoluent au bord d’un étang imaginaire, dans une nature idéalisée, comme sortie d’un rêve. Une lumière diffuse, indirecte, accentue la douceur de l’atmosphère et renforce l’impression d’un lieu à part, hors du temps.
Dernier élément remarquable du niveau : un petit passage en retrait, à l’allure presque souterraine, au sol légèrement incliné et aux murs resserrés, comme dans un couloir de service oublié. Un vitrail coloré représentant un blason surmonté d’une couronne la gratifie d'une solennité discrète. Il forme le dernier seuil à franchir pour accéder à une partie plus confidentielle du château.
Le second étage
L’escalier s’achève dans une chambre à coucher spacieuse, où des solives peintes sont soutenues par une poutre maîtresse sombre. La lumière entre par une petite baie, et plusieurs portes commandent les pièces attenantes.
Élément noble d’une triple arche qui délimite les contours de la chambre, une entrée, surplombée d’une guirlande de pierre, mène à une salle de bain dont le sol de schiste est incrusté de cabochons de plomb. Les murs en pierre apparente, le plafond aux poutres claires et la baignoire encastrée composent un ensemble rustique et singulier, avec lavabo et toilettes.
Depuis cet espace, un couloir pavé de schiste conduit à une chambre à coucher voisine. Le plafond est voûté en croisées d’ogives. Deux fenêtres perpendiculaires éclairent la pièce tandis qu’une étroite cheminée de pierre, condamnée, ponctue le mur.
De retour dans la chambre principale, des portes latérales ouvrent sur de vastes greniers, qui tiennent lieu de débarras.
La tour
Au bout du couloir, une porte discrète commande un escalier étroit, taillé dans la pierre puis prolongé par une volée alternée en bois peint. Une corde nouée fixée à la paroi fait office de rampe, accompagnant la montée dans un passage étroit, comme dissimulé dans l’épaisseur du château.
Une première halte dessert une petite salle d’eau aménagée dans l’angle avec douche habillée de bois, lavabo et toilettes, accessibles par un escalier escamotable.
Tout en haut, une chambre s’ouvre sur un panorama saisissant. Une baie vitrée coulissante et plusieurs fenêtres – simples ou doubles, fixes ou mobiles – laissent entrer la lumière en abondance et rythment la pièce en dialoguant avec le paysage. Conçue comme un refuge suspendu au-dessus des cimes, un lieu de veille perché qui contemple la vallée, la chambre surplombe l’ensemble du domaine.
Le parc
Autour du château, un chemin de ronde suit les murailles et permet de parcourir l’ensemble des abords. Sur la gauche du sentier d’accès, en contrebas, se tient la piscine, en T, entourée d’un dallage minéral puis d'un vaste tapis de pelouse. Adossé au talus, un spacieux pavillon d’été complète l’aménagement, à l’ambiance paysagère unique. Autour du bassin, la végétation associe plantes méditerranéennes et ornementales : cyprès élancés, palmiers, lauriers blancs, hortensias. Plus bas, des massifs de vivaces et d’arbustes divers bordent des murets de pierre sèche. À l’horizon, enfin, un vallon boisé, dont la frondaison continue forme un rideau vert. La piscine, ainsi enchâssée dans un décor de nature abondante, compose un lieu à part, presque secret, à la fois abrité par la masse végétale et ouvert sur l’ampleur du paysage environnant.
Le domaine
Au-delà de l’enceinte et de ses abords immédiats, la propriété s’étend sur quelque 15 ha autour du château. Les bois, denses et variés, en couvrent une grande partie : chênes, érables et hêtres anciens dominent le relief, entrecoupés de clairières où s’épanouit une végétation spontanée.
Plus bas, les terres s’ordonnent en larges parcelles étirées en pente douce vers la vallée. Les prairies, encore utilisées pour l’élevage, voisinent avec des zones de champs et de haies vives qui découpent le paysage. L’ensemble forme un territoire autonome où le château s’inscrit comme un point d’ancrage. Depuis les hauteurs, le regard embrasse le domaine dans sa continuité, succession de forêts, de pâturages et de cultures, dont la diversité entretient tant l’harmonie paysagère que l’équilibre agricole.
Ce que nous en pensons
Repère immuable sur son éperon rocheux, gardien d’un paysage et d’une mémoire séculaires, le château s’impose par ses tours et murailles à la silhouette intemporelle, ses pièces aux cheminées monumentales, sols patinés et escaliers dérobés, qui murmurent près de mille ans d’histoire et de vie.
Choyée par les soins attentifs des générations qui s’y sont succédé, la bâtisse a conservé toute son authenticité médiévale. Elle est aussi une précieuse adresse où accueillir grandes tablées familiales et moments de détente en bord de piscine. Et un lieu dont l’implantation, la discrétion comme la constance racontent avec une rare justesse une région, une famille et un rapport au monde.
À l’heure de la transmission, s'engage un passage de relais subtil avec les futurs occupants : une fidélité à préserver, un souffle à prolonger, suivant cette continuité profonde qui, plus qu’une histoire, façonne une âme.
Référence 701280
Surface cadastrale | 15 ha 72 a 6 ca |
Surface du bâtiment principal | 550 m² |
Nombre de chambres | 5 |
NB: Les informations mentionnées ci-dessus résultent de notre visite sur place, mais également des informations reçues du propriétaire actuel de ce bien. Elles n’ont vocation ni à l’exhaustivité, ni à une stricte exactitude notamment quant aux surfaces relevées ou aux époques de construction. A ce titre, elles ne sauraient engager notre responsabilité.