Situation
Établie dans l'ouest du département de l'Aveyron, Villefranche-de-Rouergue, bastide royale fondée en 1252 par Alphonse de Poitiers, illustre avec rigueur l’urbanisme médiéval. Son plan orthogonal s’organise autour d’une vaste place centrale bordée d’arcades, où s’élève la collégiale Notre-Dame, véritable pivot architectural de la cité.
Les rues en damier, ponctuées d’hôtels particuliers aux façades de pierre blonde et aux fenêtres à meneaux, rappellent le passé marchand prospère de la ville. Les couverts de la place, conçus pour abriter les échanges commerciaux, témoignent de la fonction première de la bastide, toujours active aujourd’hui : un centre économique structuré et dynamique.
À 1 h de Rodez ou de Cahors et moins de 2 h de Toulouse en voiture ou par le train, en ligne directe.
Description
La façade est en pierres apparentes assemblées dans un appareillage irrégulier, avec des chaines d’angle en pierre de taille. Elle est rythmée par une série de hautes baies légèrement cintrées réparties symétriquement sur trois niveaux et protégées par des contrevents en bois. L’ensemble est couronné par une toiture à trois pans en tuiles canal, percée de lucarnes et de souches de cheminée en brique.
Derrière la façade discrète, se révèle une composition architecturale d’une rare cohérence, dont l’ordonnancement rigoureux dialogue avec des décors intérieurs d’une grande finesse, témoins de la virtuosité et de la qualité des artisans ou artistes qui ont contribué à l’aménagement et à la décoration des espaces intérieurs. Sur environ 500 m² habitables sont répartis une salle à manger, deux cuisines, quatre salons, une bibliothèque, quatre chambres, autant de salles de douche ou de bain et une cave. La toiture a été entièrement refaite, de même que l’installation électrique.
L'hôtel particulier
Le rez-de-chaussée
La porte principale ouvre sur un vestibule clos par plusieurs panneaux et une porte en bois vitrés. Par ses dimensions et son agencement, le hall situé dans son prolongement forme un espace de réception à part entière. Il se divise en deux parties, séparées par une large arche en pierre de taille et quelques gradins, qui structurent la transition entre les volumes. Véritable point d’articulation de la demeure, il évoque une scène de théâtre, dont l’escalier monumental formerait le décor. Les murs en pierre, appareillés en grands blocs réguliers, apportent une unité à l’ensemble. Le sol est constitué d’un dallage en terre cuite. L’escalier à double quart tournant, d’abord en pierre avant de se prolonger en bois, constitue l’élément central de cette composition architecturale. Sa rampe en ferronnerie, finement ouvragée, le longe sur toute sa hauteur tandis que les murs qu’il borde sont peints d’un faux marbre.
À gauche, quelques marches mènent à une salle à manger. Y figurent deux meubles d’apparat, conçus sur le modèle des imposantes armoires bordelaises en acajou, en vogue au 18e s. dans les plus grandes maisons de la bourgeoisie et de l’aristocratie de la région, avec corniches en chapeau de gendarme, vantaux sculptés de motifs feuillagés et partie buffet pour y ranger le linge. Les portes, aux ferronneries ouvragées en dentelles métalliques, étaient le plus souvent ouvertes, laissant voir d’élégantes étagères mouvementées où étaient présentés les objets les plus luxueux, témoins de la richesse du propriétaire. L’ensemble s’intègre, presque en trompe-l’œil, dans un mur de boiseries sculptées, dont la teinte chaude, d'un brun profond, répond à celle du plafond à la française et contraste avec la patine plus claire du parquet en chêne ancien. Une cheminée de brique au manteau en bois sculpté est surmontée d’un trumeau à miroir et gypseries. Elle prend place entre deux hautes fenêtres qui apportent beaucoup de luminosité à l'espace. La porte à deux battants permet la communication avec une pièce jadis utilisée pour le service lors des réceptions dans la salle à manger et dans laquelle une cuisine moderne a été aménagée. Hormis le sol récent – couvert d'un carrelage et d'un parquet –, la pièce, entièrement peinte en blanc, a conservé sa décoration et autres éléments d’origine : plafond à la française, moulures, placards et vaisseliers intégrés, arche en pierre, grandes baies.
Lui faisant face, de l’autre côté du hall, la cuisine d’origine, quoique modernisée, a conservé son âtre destiné à préparer les repas. Équipée d’un système de rôtissoire et d’un contrecœur fait de larges bandes horizontales en fonte, la cheminée, formée d’une tablette soutenue par deux colonnes en pierre, est ornée des armes de la famille anciennement propriétaire des lieux.
Enfin, un demi-niveau plus haut, ouvert sur la cuisine, un espace de service transformé en petite salle à manger est accessible par un escalier droit en pierre. Des toilettes sont situées sous l’escalier principal.
Le premier étage
Avec ses cinq salons, le niveau a vocation depuis les débuts à accueillir réceptions et discussions, joueurs, musiciens ou amateurs d’ouvrages imprimés. Les trois premiers salons, en enfilade, sont orientés côté rue. Leurs hautes baies cintrées y font largement entrer la lumière et permettent d’apprécier la vue dégagée sur les environs.
L’ancienne salle à manger d’hiver, avec sa cheminée sculptée en marbre gris-noir et son parquet droit, est devenue un confortable salon. La pièce est décorée de gypseries signées et datées de 1781, sur l’abondance et l’amour, des thématiques qui se retrouvent un peu partout dans l’hôtel particulier, jusque dans le travail des espagnolettes ajourées à motifs de cœurs ou d’encoignures reprenant cette même forme. Un grand placard intégré, aux formes galbées, abrite comme ceux du rez-de-chaussée des présentoirs à objets.
Le grand salon de réception arbore un plafond mouluré agrémenté de décors sculptés sur les mêmes thèmes que dans le salon : carquois avec arc et flèches entrecroisés, oiseaux construisant leur nid ou encore guirlandes de fleurs et de fruits. Une cheminée en marbre sculpté, surmontée d’un grand trumeau orné d’un miroir, occupe l’un des murs. Le sol est recouvert d’un parquet dont les panneaux, décorés de motifs géométriques très élaborés et variés, constituent une mosaïque remarquable.
Le salon de musique a également conservé de nombreux éléments de décoration d’origine : un parquet aux panneaux composés de motifs géométriques simples, une cheminée en marbre mauve et blanc surmontée d’un trumeau avec miroir et moulures soulignant la structure du plafond.
De part et d’autre du palier, le salon de lecture et son pendant, le salon de jeu, sont par leur nature de dimensions plus modestes. Chacun est éclairé par deux hautes baies, dispose d’une cheminée et d’un parquet semblable à celui du salon de musique. La pièce de jeu est aujourd’hui à usage de chambre. À ce niveau se trouvent enfin deux salles de douche avec toilettes.
Le deuxième étage
Le palier distribue trois chambres, un salon, une garde-robe, un coin bureau et deux salles de bain récentes avec toilettes. À ce niveau les hauteurs sous plafond sont un peu moins élevées qu’aux étages de réception, ce qui assure aux pièces une atmosphère plus intimiste. Deux des chambres et le salon sont équipés de cheminées en marbre de facture simple. Les sols sont recouverts d’un parquet ici posé à l’échelle et là en point-de-Hongrie.
Les combles
L’accès se fait par un escalier en bois. Deux chambres de bonne avec leurs points d’eau étaient aménagées à ce niveau. Leurs structures ont été conservées. Le reste de l’espace sous toiture, éclairé par des lucarnes, est à usage de rangement.
Les caves
Accessibles depuis le hall par quelques marches, deux pièces, dont l’une est voûtée, sont disposées en enfilade.
La maison annexe
Dans une rue voisine, un ancien atelier d’artisan annexé à l'hôtel abrite aujourd'hui un grand garage au rez-de-chaussée et une pièce de stockage à l’étage.
Ce que nous en pensons
Tout ici témoigne d’un goût éclairé et d’un attachement à une certaine idée du confort et de la réception, où l’apparat n’exclut ni la mesure, ni l’élégance. L'agencement des salons, la qualité des boiseries, la délicatesse des gypseries et la diversité des cheminées traduisent un art de vivre subtil, exemplaire du 18e s. Partout, la lumière joue un rôle essentiel, révélant les nuances des parquets patinés, les reflets discrets des trumeaux ou la profondeur des plafonds à la française. Ses occupants, passés, actuels ou futurs, sont de ceux que touche la vérité des lieux habités par le temps, attentifs à la permanence des lignes, à la justesse des matériaux, et à cette manière qu’ont certaines demeures anciennes de se prêter naturellement à une vie contemporaine, sans rien céder de leur esprit.
Référence 620800
Surface cadastrale | 236 m2 |
Surface du bâtiment principal | 600 m2 |
Nombre de chambres | 5 |
NB: Les informations mentionnées ci-dessus résultent de notre visite sur place, mais également des informations reçues du propriétaire actuel de ce bien. Elles n’ont vocation ni à l’exhaustivité, ni à une stricte exactitude notamment quant aux surfaces relevées ou aux époques de construction. A ce titre, elles ne sauraient engager notre responsabilité.