Établie dans le quartier Saint-Nicolas dit "des Prêcheurs", l'habitation est une maison de village provençale on ne peut plus traditionnelle, occupée durant un siècle par plusieurs générations de commerçants locaux.
Elle fut sans doute érigée entre la Révolution et le Directoire, au moment où la bourgeoisie marchande commençait à prendre son essor et à s’enrichir grâce aux célèbres foires et marchés locaux.
La façade, entièrement restaurée, avec un crépi à l’ancienne dit "à la taloche" au rez-de-chaussée, laisse apparaitre un appareil régulier en pierre calcaire jointée aux premier et second étages. Comme la plupart des maisons de ce quartier historique, l'habitation a été bâtie en pierre calcaire de Fontvieille, sur les vestiges de constructions médiévales et romaines préexistantes.
Du Moyen Âge, elle a conservé, à l’intérieur, plusieurs éléments originels dont un appareil régulier omniprésent sur les murs porteurs, de solides linteaux de porte en arcature et d'intrigants passages voûtés.
Elle donne fièrement à voir, depuis la rue, ses imposants contrevents à double épaisseur, en bois peint dans le goût arlésien, si caractéristiques du savoir-faire ancestral du royaume de Provence. Détail d'intérêt : celui qui se trouve au-dessus de la porte d'entrée a conservé son guichet ou "judas" qui servait, tous volets clos, à voir qui toquait à la porte sans être vu.
La maison est située dans une rue piétonne calme en plein centre-village, partie intégrante d’un alignement symétrique qui définit une perspective urbaine particulièrement harmonieuse : le théâtre de style baroque établi dans l'ancienne chapelle des frères prêcheurs et sa place, récemment réhabilités avec attention, tiennent une compagnie bienveillante aux maisons bourgeoises de l'artère qu'elles bordent. S'y tient aussi le vaisseau amiral d’une célèbre marque de tissus provençaux dont Tarascon est le berceau historique.
La toiture en tuile romaine ancienne a été restaurée. L'intérieur est, en grande partie, à rénover.

La maison

Si la façade de la maison a été parfaitement restaurée, l’intérieur devra quant à lui faire partiellement l’objet d’une mise au goût du jour par le futur occupant et d'une adaptation à sa propre vision du confort. Retrouver partout l’architecture d’origine est possible tant elle est restée présente, bien que souvent masquée. Sous les divers placages, l'appareil régulier de pierre calcaire de Fontvieille est bien là, intact ; de même que l'escalier d'une douzaine de marches en pierre monolithe, à l'irrégularité chargée d'histoire, qui accueille dès l'entrée, ou les voûtes médiévales jalousement préservées. Tout y est.
Pour les puristes, certains ajouts faits au 20e s. seront délicats à conserver ; une démolition ou une adaptation à moindre frais des éléments incongrus peut être envisagée.

Le rez-de-chaussée
Comme souvent dans les maisons provençales du bord du Rhône, autrefois victimes des crues du fleuve, la porte d'entrée en bois à imposte vitrée ouvre directement sur l'escalier en pierre monolithe d'une douzaine de degrés, qui porte à se rendre au plus vite à l'étage. Pour la même raison, peu de pièces étaient construites à ce niveau, étendu ici sur 90 m² environ.
Immédiatement à droite de l'escalier et ouvrant par une fenêtre sur la rue, se tient un local qui fut utilisé encore récemment pour une profession libérale. Puis, le long d'un couloir voûté menant à la cour jardin, se trouve une partie médiévale, constituée de trois petites pièces à usage de rangement ou de "cafoutche", selon l'appellation locale. Au sol, voisinent des carreaux de ciment début de siècle aux arabesques peu vues et des carrelages contemporains.

Le premier étage
Historiquement, c'était le niveau dévolu à la vie diurne en période de crues. Une fois ces dernières maitrisées, grâce aux divers barrages construits le long du Rhône, il a continué à occuper la place centrale de l'habitation au quotidien. Ainsi, à la vaste cuisine d'origine, toujours en place, a été adjointe une salle à manger en forme de véranda couverte, élevée sur des colonnes en béton précontraint, dont la surface a été gagnée sur la cour jardin. Il est d'ailleurs désormais possible d'y descendre par un escalier métallique, de facture résolument contemporaine. Une salle de séjour-bibliothèque, avec sa remarquable cheminée en insert des années 1970 en état de fonctionnement, une chambre à coucher et un cabinet de toilette se partagent le reste de l'étage, habitable en l'état. Les sols sont couverts d'un carrelage contemporain partout identique et les murs bâtis en pierre de Fontvieille.

Le deuxième étage
Quoique le dernier niveau ait été réaménagé dans les années 1970-1980, les murs porteurs, linteaux et encadrements de porte ont conservé leur appareil en pierre de Fontvieille. Trois chambres desservies par un couloir commun, une salle de bain et une terrasse d'une quinzaine de mètres carrés ouvrant au nord-ouest composent cet étage sous combles isolés. Comme partout dans la maison, les fenêtres sont en PVC à double vitrage et les contrevents en bois plein. Les sols sont couverts d'un parquet de chêne, d'une moquette en excellent état ou d'un carrelage contemporain, selon les pièces.